Cette fête célèbre :
- al Isrâ’ le voyage nocturne du Prophète, de La Mecque à Jérusalem,
- suivi de l’ascension, al Miʿrâj, du Prophète vers le trône divin.
Al ’Isrâ’ eut lieu dix-huit mois avant l’Hégire non loin de la Kaʿba. C’est vers 621 de l’ère chrétienne, au plus fort des persécutions que lui infligeaient les Mecquois, que Muhammad révéla à ses fidèles sa visite nocturne à Jérusalem et son ascension au ciel à partir du Rocher (sakhra) sur lequel a été élevé plus tardivement le Dôme du Rocher (692) construit par le calife omeyyade ʿabd al-Malîk ibn Marwān (646-705).
Différentes sourates du Coran rappellent al ‘Isrâ’ et al Miʿrâj :
- Sourate XVII, al-‘Isrâ’, Le Voyage nocturne, verset 1 ; le titre de cette sourate comme son premier verset parlent explicitement de ce voyage nocturne : « Gloire à celui qui a fait voyager de nuit son serviteur, de la mosquée sacrée à la mosquée lointaine afin de lui faire voir un de nos signes » ;
- Sourate LIII, an-Najm, L’Étoile, verset 1 à 18 ; les 18 premiers versets de cette sourate parlent du Miʿrâj, l’Ascension :
1. Par l’étoile à son déclin !
2. Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur
3. et il ne prononce rien sous l’effet de la passion;
4. ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée.
5. Que lui a enseigné [l’Ange Gabriel] à la force prodigieuse,
6. doué de sagacité; c’est alors qu’il se montra sous sa forme réelle [angélique],
7. alors qu’il se trouvait à l’horizon supérieur.
8. Puis il se rapprocha et descendit encore plus bas,
9. et fut à deux portées d’arc, ou plus près encore.
10. Il révéla à Son serviteur ce qu’Il révéla.
11. Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu.
12. Lui contestez-vous donc ce qu’il voit ?
13. Il l’a pourtant vu, lors d’une autre descente,
14. près de la Sidrat-ul-Muntahā,
15. près d’elle se trouve le jardin de Ma’w?:
16. au moment où le lotus était couvert de ce qui le couvrait.
17. la vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure.
18. Il a bien vu certaines des grandes merveilles de son Seigneur.
- Sourate LXXXI at-Takwîr, Le Soleil ployé, les versets 19 à 25 traitent du Miʿrâj, l’Ascension :
19. Que le Coran est la parole de l’envoyé illustre* (*L’ange Gabriel).
20. Puissant auprès du maître du trône, ferme,
21. Obéi et fidèle.
22. Votre concitoyen n’est pas un possédé.
23. Il a vu distinctement au sommet du ciel,
24. Et il ne soupçonne pas les mystères qui lui sont révélés.
25. Ce ne sont pas les paroles du démon poursuivi à coups de pierres.
- Sourate LXXXI at-Takwîr, Le Soleil ployé, les versets 19 à 25 traitent du Miʿrâj, l’Ascension :
Le récit de ce voyage est relaté dans un hadîth (dire du Prophète) qui traite de la prière et de ses prescriptions. La tradition prophétique rapporte plusieurs évènements qui se seraient produits lors de ce voyage. Ibn Ishaq (704-767) auteur de la plus ancienne sîra, biographie du Prophète, fait le récit de ce voyage. Selon la tradition musulmane, peu de temps avant l’Hégire, le Prophète fit un voyage miraculeux de La Mecque à Jérusalem en compagnie de l’archange Jibrîl, Gabriel. Cet évènement se nomme ‘Isrâ’. Dans la ville sainte de Jérusalem, selon la Tradition, le Prophète conduisit une séance de prières avec un groupe d’anciens prophètes, parmi lesquels Ibrahîm (Abraham) et ʿIsa (Jésus). Puis sur une bête ailée nommée Burâq, il monta au ciel et dialogua avec Dieu sans le voir. Les récits de l’Isra et de l’ascension, Miʿraj, indique que c’est à l’occasion de cet évènement que le nombre de prières quotidiennes requises pour tout musulman fut fixé à cinq.
Jérusalem trouve une place de choix dans la tradition musulmane. C’est là où eut lieu al Miʿrâj ; le lieu est aussi lié à la révélation de l’un des grands piliers de l’islam, la prière et cette ville a été choisi comme première qibla (direction de la prière) bien avant La Mecque. Aussi, L’islam a fait de cette ville son deuxième pôle spirituel, après les Haramayn, La Mecque et Médine.
La littérature du Miʿrâj procède à un regroupement de trois récits miraculeux concernant le Prophète. Celui de sa purification par les anges qui ouvrent sa poitrine et lavent son cœur de tout péché ; celui du voyage nocturne de La Mecque à Jérusalem sur al-Burâq ; et enfin l’ascension qui comprend la visite des sept cieux, avec regard jeté sur les enfers, l’arrivée au Trône, le dialogue avec Dieu, la visite du paradis, le retour à La Mecque.
La célébration du Miʿrâj a donné lieu à une littérature populaire en prose ou en vers. Le thème du Miʿrâj fait parfois partie de la littérature des muʿjizât, poèmes écrits à la louange du Prophète. Ce thème fait partie du Mawlid (fête qui célèbre la naissance du Prophète) au Ghana. En Indonésie, la célébration du Miʿrâj a lieu à la mosquée où le prédicateur commence par des prières suivies d’un sermon et explique les passages du Coran XVII, 1 et LIII, 9 à la lumière des commentaires célèbres. Il cite aussi le Mawlid d’al Barzanjî, poème qui célèbre le Prophète, composé par Jaʿfar b. Hasan al-Barzanjî (m.1119/1765). Debout, par respect au Prophète, l’assemblée chante ce mawlid. Toujours en Indonésie, la tradition veut que l’imâm commémore également le Miʿrâj dans sa khutba, prône du vendredi, qui précède et de celui qui suit le 27 rajâb.
Merci à Soraya El Alaoui pour cet article (https://icalendrier.fr/religion/fetes-musulmanes/lailat-al-miraj)